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L’étiomédecine ne s’apprend pas ;

On n’apprend qu’à la vivre

  Me revient régulièrement une réflexion (si l’on peut dire) d’un stagiaire ostéo lors de la formation en étiomédecine, qui aimait à répéter, et être entendu, que les querelles d’égo des directeurs d’écoles ne l’intéressaient pas, suggérant muettement qu’il était au-delà de ça du haut d’une neutralité d’initié… comme s’il était déjà au-dessus de ce qu’il était venu apprendre ; ah, le paraître !

  Cette critique, car c’en était une, se rappelle à moi, non parce qu’elle se justifie (je suis assez auto critique pour m’interroger au moins vingt fois par jour, qui dit mieux, sur le bien-fondé et la justesse de mes actes ou paroles chaque jour de ma vie), mais parce qu’elle est le discours de ceux qui arguent de cet argument de maturité initiée pour ne pas s’impliquer ou s’engager, pour n’avoir jamais à prendre le risque de se tromper, d’avoir à assumer les conséquences de leurs choix, pour cultiver l’image propre de bienveillance et tolérance de « mecs cool et évolués »… ou si fades qu’ils n’impressionnent aucune pellicule ?

  Quoi qu’en disent ces girouettes posées sur leur toit mais à l’abri de tous les vents et dont il ne faut jamais rien espérer de franc, on ne peut toujours tout laisser dire ou faire et il est plus décent de défendre ce (ou ceux) qu’on aime, ce qu’on est, plutôt que de « s’en laver les mains » à l’abri d’une neutralité douteuse ou carrément lâche, érigée en valeur de tolérance ou de transcendance de vieille âme. Mais encore faut-il être ! Et non un poseur qui dans sa posture n’est qu’imposteur.

  Cet argument de neutre sagesse parfois vrai mais toujours faussement utilisé pour les raisons qu’on vient d’évoquer, n’est en étio n’est pas défendable. Comme il serait douteux de se dire neutre vis-à-vis des violences faites aux femmes ou aux enfants, des tortures en temps de guerre à défaut des guerres elles-mêmes.

 L’étiomédecine, traitement des croyances, des conditionnements, des libertés inclut toutes les causes de par son essence. Évidemment, n’étant guère exposée ni médiatique, on ne « gagne pas grand chose à s’y engager et on ne perd rien à ne pas la défendre » ; aucune caméra n’est là pour filmer.

  Celui que j’évoquais en commençant cette lettre n’a d’ailleurs pas abouti la formation à l’instar de tous ceux qui viennent chercher un livre de recettes à ajouter à un cv de thérapeutes sans avoir à s’impliquer affectivement dans la formation ou les soins ; et c’est normal dans la mesure où même intellectuellement assimilée, la technique est inopérante si elle n’est pas « vécue » chez les deux membres patient thérapeute du couple qu’ils constituent le temps du soin.

  Hélas, beaucoup de candidats de ce type trouvent malgré tout satisfaction auprès de formateurs auto proclamés qui tuent l’étio en s’en faisant les parangons. Parangon toi-même objecteront certains ? Certes ! Et je l’assume pour au moins deux raisons dont chacune est suffisante seule :   D’abord une absence totale de certitudes qui d’une part interdit la moindre induction, d’autre part pose les limites du thérapeute dans le soin. Ensuite parce je n’ai pas appris l’étio comme on apprend une technique x ou y, mais que j’ai appris à… la vivre (il m’a souvent été rapporté que JL Brinette auprès de promotions en cours, parlait de moi comme celui qui apprenait l’étio sans prendre de notes… mais s’en imprégnait)  ; sans avoir à la penser, à l’expliquer pour « me » l’expliquer, sans en faire un modèle auquel se conformer dans le déni de soi-même. Comme d’autres se briment ou s’éteignent pour n’être que le reflet de l’objet de leurs cultes ; les morceaux de verre qui reflètent la lumière qu’ils ne sont pas, le soleil et ses miroirs ; ça marche aussi avec les religions, les stars et les people, les champions et j’en passe.

 Sans le moindre orgueil non plus, cette « valeur » trompeuse de fatuité à fin de légitimer leur existence pour  tous ceux qui n’existent qu’au travers de victoires sur les autres, immatures aux égos indépassés parce qu’inconstruits. Cet enfumage sociétal qui prône « l’esprit » de compétition (où y a t il de l’esprit là-dedans?) en distillant l’idée que vivre avec, c’est vivre contre à la condition de gagner ; pathétique infantilisme. Mais ce n’est pas le sujet de cette lettre.

  Confronté à presque autant de déviances que de pseudo formateurs, je ne peux que craindre la destruction de l’étio, programmée par l’assimilation qui en sera faite à un tas de recettes et techniques enseignées et reproduites sans la moindre conscience, à un tas de théorisations imbéciles au sens propre du terme.

  Comment ne pas réagir quand les patients pensent découvrir l’étio au travers d’aspartames plus ou moins abscons ou intellectuellement indigents ?

  De plus en plus de personnes racontent un vécu d’une étio qui n’a plus rien à voir avec l’originelle, des séances avec des thérapeutes aux comportements déclinés comme des suites en cadavres exquis à partir de celui du créateur de l’étiomédecine qu’ils essayaient de singer avant d’être eux-mêmes imités par ceux qui n’avaient pas connu Jean-Louis Brinette.

  Quoi d’étonnant à cela quand me reviennent tant d’images de stagiaires lors des séminaires de l’époque, surjouant la sensibilité, les airs entendus des consciences éveillées pour paraître plus que les autres, les saints méritant de s’asseoir au côté du Dieu Brinette…. Lequel Dieu levait les yeux au ciel devant tant d’affectation.

  Bien sûr je ne citerai pas de nom et il appartient à chacun d’éveiller sa lucidité vis-à-vis de ces leurres de maîtres spirituels qu’ils aiment paraître auprès de clients vulnérables.

  Mais comment tolérer (non la tolérance n’est pas un dû inconditionnel) que certains fixent des informations invérifiables au nom du karma ou des vies antérieures, chez des patients qui avaient assez de leurs problèmes avant de s’entendre dire des « vérités » qui ne sont que les projections de thérapeutes eux-mêmes convaincus (en un ou deux mots) par le pouls ; mais le pouls ne dénonce pas l’induction. Comment ceux-ci ne s’interrogent-ils d’ailleurs pas sur le fait de « trouver » souvent les mêmes informations chez leurs patients ? Mystère.

  Comment penser que la diffusion dans certaines « formations » de copiés collés forcément très incomplets (il faudrait dix ans pour tout faire en copiés collés ; ne reste donc que la partie « comprise » intellectuellement, pour le reste…) soit une forme de « fidélité » au créateur de l’étio quand la crainte de ce dernier était qu’on cite ses dires ou écrits in extenso faisant de son travail un dogme  et de lui un gourou ; le perroquet répète parce qu’il n’a pas compris, comme répète comme sienne la pensée qui lui plaît chez autrui, celui qui est inapte à penser (oui, ça fait du monde, presque tout le monde en fait ; mais la plupart le subissent et n’ont pas la prétention d’éclairer les autres parfois moins conditionnés qu’eux.)

 Je regardais récemment les divers sites pour constater que tous affichaient le même fidèle  « programme », à savoir les titres de chapitres, thèmes des séminaires au fur et à mesure des dix années environ qu’a constitué le cheminement pas à pas de la construction de l’outil.

 Mais alors leur souci de « fidélité » est mis à mal car elle imposerait de ne pas livrer que les titres des chapitres mais aussi tout le contenu nécessaire à la création de chaque chapitre.

 Mais là, la culture et le niveau, disons-le, ont leurs limites que n’atteignent ni n’effleurent ces pseudo professeurs de l’art. Donc, « on » ne propose que  d’exposer que ce que l’on croit avoir compris, des résumés sous forme de feuilles ou filtres en répétant des analogies sans être capables de refaire la démonstration des « théorèmes » employés (en même temps, c’est le but des théorèmes de les utiliser mais peut-être celui des enseignants de savoir les démontrer, mais soyons indulgents ; chacun peut avoir « son » théorème de Fermat) et « enseignés » comme des dogmes… si tant est que toutes ces analogies scientifiques aient été justes à l’origine… ce qui reste à démontrer ou n’est pas démontrable !

  On fait parler Brinette en n’arrivant qu’à « le balbutier » ; et rares sont les stagiaires assez critiques, discriminants ou vertueusement irrespectueux qui posent des questions quant à la légitimité de nombreuses affirmations : sympas les mecs.

  Ces soit-disant fidèles s’en vantent en plus, prouvant surtout par leurs modalités de formation qu’ils n’ont en rien fait la synthèse de la formation de JL Brinette qui avait lui-même abandonné depuis belle lurette la plupart de ces protocoles, pas plus qu’ils ne les enseignaient dans les dernières années de sa vie.

  Ces enseignements sont surtout… ceux des limites extrêmement restreintes de ces « formateurs » qui n’ont en rien extrait le minimum de leurs années d’asservissement à une pensée géniale mais incomprise.

 Ils n’enseignent pas l’étio… mais ce dont eux ont besoin pour tenter encore de la comprendre !… ce qui n’arrivera… pas de cette manière.

  « Le thérapeute prête son affectif au patient pour l’aider à reconstruire le sien. Si le patient ne sent rien, c’est… qu’il ne se passe rien » disait Brinette comme principe fondamental parmi quelques autres que tout le monde a semble-t-il oublié.

   L’oubli de ce principe fait les prises de pouvoir du mental et les fausses prise de conscience où les patients  repartent avec des informations incomprises parce que non ressenties, fausses mêmes si vraies si elles ne sont pas ressenties dans la synchronicité du patient (pas celle du soignant.) Bref, des patients plus en colère ou culpabilisés de ne pas comprendre, ou que sais-je encore, en un mot pires qu’avant.

  Je ne parle même pas des quelques-uns qui « ne chient pas la honte » en s’autorisant à enseigner dans le déni de l’incompétence qui les a fait exclure de diverses formations dont la mienne mais pas que, tant ils étaient ridicules voire dangereux dans leur pratique ; j’ai un jour proposé à l’un d’eux un filet à papillons pour attraper… les concepts qu’il voyait voleter autour des patients (je le jure), tout cela au mépris d’une présence archi nulle au patient qui se sentait bien seul (cf la principe fondamental précédemment cité une dizaine de lignes plus haut.)

  Compliqué d’enseigner ce qu’on n’a pas compris, con-pris au sens propre du terme !

  L’étio ne s’apprend pas. Pas par l’assimilation d’une quantité de recettes et protocoles avec des filtres et des artifices matériels sans avoir à s’impliquer plus avant.

  Brinette disait aussi qu’un jour on ferait l’étio « sans filtres » (dans tous les sens du terme?) Pour ça, il faut la vivre.

 Et au passage, il fallait pour ça avoir compris (que dis-je « compris » ; c’était exprimé par JL Brinette lui-même) l’un des stages au moins qui amenait comme conclusion la fin des filtres et la place du silence ; CQFD bien trop au-delà de ceux qui n’avaient pas lâché l’âge du lycée pour rejoindre Brinette là où il nous invitait. D’ici à repasser des plats mal digérés de dizaines de feuilles et centaines de filtres stockés dans leur cartable plutôt qu’en leur conscience cellulaire, véritable iconographie de substitution à une foi non ressentie. Mais le Simple suppose d’avoir effectué le tour d’un compliqué hors de portée  de gens qui pour enseigner à un niveau N, devraient avoir au moins atteint le niveau N+1.

  L’apprentissage de l’étio ne se fait QU’au travers d’une présence au patient d’où « peut » naître un ressenti à la mesure de la capacité du patient à partager. L’étio ne s’acquiert pas autrement qu’en la vivant.

  On n’apprend pas l’étio en apprenant ses cours par cœur mais en apprenant à la vivre !

  Elle n’est pas un métier qu’on oublie après les heures de bureau et retrouve le lendemain matin avec des patients, qui n’est qu’un contexte de soin qu’on méconnaît en dehors.

  Elle devient le paradigme qui permet d’installer la cohérence entre sa vie et sa conscience ; sûrement pas en jouant sous la contrainte de règles ou en suivant des dogmes mais avec le risque d’erreur que comporte l’acceptation des expériences nouvelles, bref avec le risque de vivre.

  Bien sûr, je ne dénie pas à certains l’excuse d’une forme d’indigence intellectuelle pour oser enseigner leurs limites d’une étio incomprise. Voire même pour certains, pour comparer l’étiomédecine qu’ils ont abandonnée à moitié de la formation, à un système qu’ils ont créé, en changeant le nom, dans les limites de ce qu’ils ont plus ou moins compris et maîtrisent dans la seule moitié qu’ils ont suivie. Facile de proclamer son expertise ou sa maîtrise dans le champ qu’on a soit même délimité ; je peux aussi être champion du monde du 1 m plat en sens inverse si c’est moi qui donne le signal du départ et sans avoir prévenu les autres du sens du départ.

  Pour d’autres, sans doute ne s’agit-il que d’orgueil : pathétique.

  Trop de ceux qui l’ont connu et tous ceux qui ne l’ont pas connu, en voulant regarder l’image de Brinette qu’ils espéraient reproduire, n’ont rien vu de sa seule présence qui faisait l’acte. Pas de posture là où ceux qui essayent de le copier sont des imposteurs. La présence était pourtant le paradigme dans lequel il travaillait et c’est LE paradigme même de l’étio.

  Ainsi pour respecter l’étio et la sauver comme cet art qu’elle est, faut-il désacraliser en elle cet aspect magique, occulte que tentent de lui conférer ces pseudo « génies par capillarité supposée» auto proclamés, non pour l’étio mais pour leur aura personnelle. Il ne faut pas se sentir nul quand on ne comprend pas tout ce que dit un de ces « enseignants » en étio parce qu’ils usent de formules physiques, quantique ou autre (c’est très à la mode) ou mathématiques, irrationnelles de préférence, propres à le faire reluire. Il m’amuserait beaucoup de leur demander la démonstration de certaines affirmations théoriques, scientifiques ou ésotériques ; pour ma part, j’étais l’un des rares ayant la culture scientifique ad hoc… peut-être est-ce pour cela que je n’ai pas souhaité faire de cette proposition un argument pédagogique ?

 Tout cela pour en arriver où ?

 A quelque chose de beaucoup plus humain :

  Chacun d’entre nous sait discerner le pieux mensonge d’un proche qui dit aller bien quand vous sentez l’évidence du contraire. Après avoir « parlé » parfois plus ou moins longtemps, vient le moment où vous prenez cette personne dans vos bras et où celle-ci, forte de cette étreinte, lâche enfin sans que personne n’ait plus à parler ou justifier ; c’est le moment où on lâche et partage sa souffrance.

  C’est là que le soin s’opère à un niveau plus ou moins élevé selon la conscience du thérapeute il est vrai, mais à la prise dans les bras près, c’est cette place et cette présence sans jugement qui est une condition nécessaire si non suffisante du soin.

  Nécessaire, c’est maintenant clair. Au moins à l’instant de lâcher, sans parler, sans expliquer, le travail est, au-delà des mots ; c’est une question de Dimension. Où les mots ne peuvent plus, une fois cette dimension atteinte, QUE la faire redescendre et échouer la libération. « Tu veux qu’on en parle ? » Quelle connerie, ce n’est pas là que ça se passe.

 Non suffisante et dépendante de la conscience du thérapeute ?  Car la « lecture » linéaire de cause à effet qu’essaient d’avoir les accompagnants dans un premier temps, proches ou « soignants », ne fonctionnent pas en dehors au mieux d’un soulagement fugace qui ne résiste pas au court délai qu’il faut pour réaliser qu’il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton  pour éliminer les problèmes, fût-il le bon bouton ET dans la synchronicité… ce qui n’a quasiment aucune chance d’être le cas.

  Non suffisante donc à ce niveau car il faut au thérapeute la capacité d’avoir une lecture en quelque sorte holographique du patient, voire du proche si c’est un ami ou si c’est « à la maison », la capacité de voir au-delà de quelques informations factuelles ou pas, le fonctionnement du proche ou patient enfermé dans ses souffrances au sens général du terme ; et encore une fois au-delà des mots.

  Plusieurs fois, je viens de répéter le parallèle entre proche, ami ou patient. Pourquoi donc ?

   Simplement pour exprimer qu’il n’y a pas besoin de suivre un gourou qui se fait passer pour un « génie par capillarité énergétique » du créateur de l’étiomédecine (oui je me répète mais j’aime bien le coup de la capillarité.)

  Chacun à son niveau du nécessaire à défaut du suffisant, est potentiellement capable de remplir cet office comme il le fait vis-à-vis de son conjoint, des parents, de ses enfants.

 La seule question des candidats thérapeutes est celle-ci : A t on envie de faire ça avec des personnes qui viennent nous voir pour essayer d’aller mieux ?

  Et chacun en répondant ce qu’il veut, sait alors s’il est vraiment un thérapeute.

  Au moins ne faut-il pas « faire semblant » d’être un thérapeute, par orgueil, vanité, voire mercantilisme.

  Et bien sûr, il est compréhensible de n’avoir pas envie de faire ça avec tout le monde ; il y a tellement d’autres choses et causes à vivre, souvent plus exaltantes.

  L’étio est accessible non à tous comme toute chose par ailleurs où la vie a réparti ses talents pour que chacun s’y exprime, mais à beaucoup qui n’ont pas BAC + 5, 10 ou 20 ans de pré requis intellectuel. Mais qui ont un capital d’empathie et d’expériences personnelle propres à con-prendre la souffrance de l’autre.

  J’ai mal pour certains qui après des années « d’études » de l’étio sont dans la peur de mal faire et dans les doutes quand en quelques heures, ils seraient si efficients pour peu qu’ils soient guidés dans le seul paradigme par lequel l’étio… ne s’apprend pas :

Une mère ou un père tenant un enfant pleurant dans ses bras se demande-t-elle si elle ou il peut lui faire mal à

cet instant- ?

Toute l’étio naît là et y croît.