Ouverture
Le concept d’ouverture est un sujet qui mérite qu’on s’y attarde un chouïa.
D’abord parce que faussement, la plupart de ceux qui jugent les autres fermés le disent de ceux qui n’adhèrent pas à leurs croyances ou certitudes.
Bien sûr le défaut de preuve scientifique argumente souvent ces non adhésions et comme on l’a déjà exprimé, cela fait la différence entre le scientiste pour qui ce qui n’est pas prouvé « scientifiquement » n’existe pas ou n’existe qu’à partir du jour où la preuve est établie, et le scientifique qui sait… l’ouverture du « Je ne sais pas » qui offre une vacuité à toutes les informations potentielles.
Mais il est cocasse de constater que ceux-là qui parlent si aisément du manque d’ouverture des autres, bien sûr manquent évidemment des preuves (sinon il n’y aurait pas débat), mais surtout sont tellement souvent les mêmes qui, faute de réussite, compétence, reconnaissance, s’inventent une aura d’initiés, de mystère, d’ésotérisme voire de mysticisme, s’auto reconnaissant entre eux en un égrégore qui, de « ratés de la société » ou pour le moins d’amuseurs éthérés, les élève à un rang d’élus au dessus du panier : « Je suis tellement au-delà de ces petites contingences du quotidien », condescendent ils dans cet espèce de déni refoulé de la honte de ne savoir être « utiles » à la société.
Pour le coup, c’est tendre aux scientistes et autres saint-Thomas, capables de violence dès qu’on les sort de leurs structures de quiétude et d’inertie, le bâton pour se faire battre que d’affirmer l’intervention d’un immatériel invisible, improuvable qu’on serait « doué » de connecter, d’interpréter, d’associer à un réel sublimé bien au-delà de ces mécréants qui manquent tellement d’ouverture.
On y trouve de tout, de ceux qui parlent avec « tout le monde qui n’est pas là » (parfois à défaut de savoir parler aux présents) à ceux qui invoquent qui vous voulez qu’ils sont seuls à voir ou des forces occultes diverses et variées, à ceux qui s’inventent un talent « énergétique », un pouvoir, souvent de guérison, suscitant mystère et admiration (parfois un peu de peur) au travers de formules, rituels, supports « énergétiques » qui les dispensent d’une présence « réelle » dans l’optique d’un vrai travail de guérison (voir la lettre « thérapeute cellulaire »).
C’est incroyable comme la plupart de ceux qui parlent d’énergétique pour impressionner les naïfs (qui ont envie d’y croire) ne savent pas de quoi ils parlent ; en même temps ils ont peu de risques d’être contredits dans la mesure où la plupart des scientistes s’en amusent et ne prennent pas la peine de contredire ce genre de « fantaisistes ésotériques ».) Mais la plupart de ces « énergéticiens » ont suivi des formations aux fondements puisés parfois dans des traditions jusqu’à millénaires de croyances et superstitions, sensées être gages de véracité, au mépris de l’absence du moindre questionnement ouvert.
Combien « soignent énergétiquement » à l’appui de tel ou tel support mental, spirituel ou structurel (objets, gris-gris, symboles, élixirs etc) traditionnel parce qu’ils ont appris un tas de recettes parfois ancestrales, quelquefois « révolutionnaires », prises pour argent comptant, sans la moindre idée d’informations contradictoires qui réduiraient à néant leur pratique (et leur légitimité nouvellement acquise) au-delà au mieux d’un petit effet placebo sur les personnes les plus crédules, sans la moindre culture des moyens critiques modernes qui, s’ils laissent une « ouverture » à des « vérités » non réfutables à défaut d’être discutables, relèguent au rang de pure fantasme ésotérique nombre de « thérapies » pseudo scientifiques, voire même pas.
On n’est pas fermé « parce que » l’on s’amuse ou s’indigne (pour les patients) d’affirmations gratuites de thérapeutes qui prodiguent des conseils abscons en regard de vraies considérations énergétiques.
À titre d’exemple, comment « gober » que vous allez guérir d’une maladie en portant une amulette ou une pierre polie autour du cou sous prétexte que c’est un remède millénaire. Non, ça ne « marchait » déjà pas dans le temps, pas davantage aujourd’hui. Si la science de la cristallographie confirme l’interaction entre formes, quid d’une pierre polie en pendentif ? Et ce n’est qu’une considération parmi d’autres qui ne peut faire envisager avec sérieux des exercices non maîtrisés par des praticiens « perchés » eux-mêmes englués dans des croyances profanes.
Et il y a tant d’exemples de cet ordre.
Non, ce n’est pas être fermé que d’avoir un œil ou un esprit critique sur les choses, de garder un discernement vis-à-vis de toute information mystérieusement abstraite ou empreinte d’une dimension de pouvoir magique.
Mais non, on n’est fermé parce qu’on ne croit pas aux délires de tous ou qu’on reste vigilants ou lucides quant aux formes d’hystéries collectives où se réfugient nombre d’inadaptés qui s’inventent une réalité dans un monde où ils ne peuvent être contredits! Vous n’êtes pas fermé parce que ne croyez pas un ou une hystérique (par exemple) ou quelqu’un qui cherche à exister « dans un autre monde », qui vous assure qu’il a des révélations à vous faire depuis sa rencontre la veille avec votre réincarnation dans le futur (Après, il y a bien des scientifiques (?) qui évoquent ce genre de choses ; je ne nie pas la probabilité de mes limites.)
Vous n’êtes « pas ouvert » que quand vous refusez de recevoir les informations, encore que la source de ces informations elle-même peut être un motif objectif de non recevoir.
L’ouverture n’est pas de tout accepter sans esprit critique ou discernement. Elle est de recevoir les informations avec la vacuité de celui qui ne sait pas et est donc près à recevoir… pour en faire ensuite ce qu’il en ressent, compte tenu de ce qu’il reçoit de neuf, critiqué et ajouté à ce qu’il avait déjà qu’il considère pertinent de remettre en cause ou non !
L’ouverture, c’est aussi admettre qu’on peut se tromper dans nos certitudes et croyances les plus profondes et qu’à ce titre, ceux qui sont dans la contradiction n’ont pas forcément tort plus que soi-même.
Et qu’à ce titre également ce n’est pas être ouvert que de penser que l’autre ne l’est pas de refuser ce dont on cherche à le convaincre (voir « dialogues de sourds ».)